lundi 24 septembre 2012

Ma TV va craquer - Les Emmy Awards cette vaste tamponnade du fondement



Aujourd'hui en me réveillant j'avais un choix cornellien qui se présentait à moi : regarder les résultats des Emmy Awards ou m'approcher de ce revolver, ce couteau, cette corde, cette bouteille de poison, cette baignoire remplie d'eau et ce sommet de falaise. J'ai hésité. La main tremblante, l'esprit fébrile, la pédication presque à sec, j'ouvre ma page récompenses et j'affronte la réalité.






Soyons concis, c'est la Homeland et Modern Familly party. 

Ainsi, Claire Danes, Damian Lewis et Homeland en général, raflent respectivement les récompenses majeures de "Meilleur rôle féminin dans un drama", "Meilleur rôle masculin dans un drama" et "Meilleure Série". Cette Amérique post Ben Laden en aura fait des ravages culturels. L'hyperparanoia américaine couplée aux émanations de naphtaline des jurés déborde de cette cérémonie : déjà outrageusement critiquable chaque année, la cérémonie des Emmy sacre cette année Homeland, reflètant, ainsi, l'un des plus gros travers de la société américaine, l'américanisme. Faire fi de toute forme de qualité tout en revêtant le costume de la crédibilité, c'est un peu pousser mémé dans les orties - ou ailleurs. Le patriotisme des jurés a supplanté le peu d'esprit critique qu'ils possédaient : il vaut mieux rassurer - oserais-je dire cultiver ?- la peur paranoïaque des américains qu'essayer d'avancer et faire le deuil. Tendancieuses chaque année, les statuettes ailées se trompent de plus en plus de chemin : elles se doivent de voler dans les mains des talentueux et non des impétueux. Il est beaucoup plus consensuel de récompenser le nouveau 24H que la si subtilement subversive Treme, il est beaucoup plus facile de se victimiser et se célébrer que d'affronter ses erreurs et de demander pardon ; il est alors aisé de comprendre pourquoi  David Simon reçoit les flammes des politiques, spécialement ceux de Baltimore, tandis qu'Howard Gordon et Gideon Raff sont laurés par les critiques qui font références. En s'attardant sur la récompense du "Meilleur scénario de drama", il est tout aussi facile d'appréhender qu'aux Etats-Unis on préfère regarder et saluer un bon remake de Die Hard qu'une relecture du Roi Lear. 

Les lauriers coté comédies pleuvent pour Modern Family. Oui, c'est pas bête, célébrer la série d'ABC, c'est célébrer une Amérique socialement ouverte à la différence, affirmer une nouvelle structure familiale au-delà des conventions judeo-chrétiennes occidentales habituelles. Néanmoins, il faudra en reparler quand la série montrera autre chose que deux colocataires masculins élevant un enfant ensemble au lieu de deux homosexuels qui vivent en couple, ou quand il n'y aura pas une femme au foyer dans le casting pour rassurer le spectateur d'ABC en lui disant "ne t'inquiète pas petit, on ne se fait pas envahir par les Mexicains, le Wall of Shame tient bon". Pendant ce temps là, pas à Vera Cruz, Mitt Romney déchaîne les foules, The New Normal périclite dans les audiences et Go On devient la nouvelle série phare de NBC, tout va bien.


Khandi Alexander, un talent que les Emmy Awards ils peuvent même pas test

Le pire dans toute cette histoire c'est si on s'attarde du coté des nominés, ils ne reflètent que peu la qualité de certaines séries : où se trouvent Connie Nielsen (Meredith Kane de Boss) et Khandi Alexander (Ladonna de Treme) dans la catégorie "Meilleure actrice de drama" ? Quid de Kelsey Grammer (Tom Kane de Boss) et de Michael Pitt (Jimmy dans Boardwalk Empire) pour le meilleur acteur ? Qu'en est-il de la nomination de Morena Baccarin (Jessica Brody dans Homeland) pour le "Meilleur second rôle féminin" qui pour le coup délivre de bien loin la meilleure performance de la série ? Il ne faut même pas évoquer l'absence de Justified et surtout de Southland au risque de déclencher mon courroux. Le pompon de la pomponnette étant atteint avec les catégories comédie où la place n'est faite à aucune série innovante ou de qualité telles que : It's Always Sunny in Philadelphia, Cougar Town et Community, pour ne citer qu'elles. 

Toutefois quelques récompenses apparaissent comme méritées : "Meilleure réalisation" pour le dernier épisode de la saison 2 de Boardwalk Empire, "Meilleur second role dans une   mini série" pour Jessica Lange de American Horror Story, "Meilleure actrice dans une comedie" pour Julia Louis Dreyfus dans Veep, ou encore "Meilleur scénario de comédie" pour Louie C.K pour l'épisode Pregnant (bien que Remedial Chaos Theory de Community mérite tout autant la statuette) mais l'ensemble reste maigre face aux déceptions multiples de la cérémonie et cela fait quelque années que ça dure. 
Alors que nos appréciés de PerdUsa proposent de distribuer des cookies, initiative louable et pertinente, à Chats en Série on se propose de distribuer des baffes. Ainsi, tous les récompensés se devraient de recevoir une mandale en bonne et due forme dans les prémolaires, distribuées par les méritants qui n'ont pas été récompensés pour cause de conformisme et de contrat du consensuel signé par les jurés des Emmy, afin de leur rappeler que la réalité, c'est avant tout une grosse claque dans la gueule.

Toutefois cessons de râler, au moins cette année contrairement à l'année prochaine, je n'ai pas eu à supporter les récompenses attribuées à l'atroce Matthew Perry dans sa pâle copie de Community, Go on

N. fauchant quelques têtes


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